Seyfulla Itaev (lutte) après le séisme en Turquie et en Syrie : « On passe tout près de la mort »
Un séisme meurtrier de magnitude 7,8 a secoué la Turquie et la Syrie, ce 6 février 2023. Le bilan est effrayant et en augmentation constante : plus de 20 000 morts. Une délégation de l’équipe de France de lutte se trouvait dans l’épicentre. Joint par Les Sportonautes, Seyfulla Itaev (Sarreguemines) témoigne de l’effroi.
Seyfulla Itaev est l’un des meilleurs espoirs de la lutte française. Licencié à l’AS Sarreguemines (57), le jeune lutteur de 18 ans a remporté le titre dans sa catégorie lors du tournoi de international de Kahramanmaras. Il était loin de se douter que quelques heures plus tard, la ville allait être l’épicentre d’un séisme meurtrier.
Seyfulla Itaev, une victoire avant la catastrophe
LES SPORTONAUTES – Tout d’abord, comment vous sentez-vous après cette catastrophe ?
SEYFULLA ITAEV – Un peu sous le choc après ce qu’il s’est passé. Mais je suis conscient qu’on a de la chance.
Racontez-nous ce qu’il s’est passé…
On arrive avec l’équipe de France des moins de 20 ans vendredi 3 février en Turquie pour participer au tournoi international de Kahramanmaras. Le lendemain, tout se passe comme prévu. Je remporte ma catégorie. Dimanche, le tournoi se poursuit avec le deuxième groupe. Une fois fini, on revient dans nos chambres. On rigole ensemble, on s’endort. Et là, en pleine nuit… Ça tremble très fortement.
On rigole ensemble, on s’endort. Et là, en pleine nuit… Ça tremble très fortement.
S. Itaev (Lutte)
Comment avez-vous réagi ?
Je ne réalise pas tout de suite. On se trouve au 6e étage de l’hôtel. Un camarade de chambre panique. Les fenêtres et les murs se fissurent. On sort mais l’ascenseur explose. La porte pour les escaliers est bloquée par une armoire. On se démène et on arrive à l’enfoncer. Je suis torse nu, sans chaussure, en short. Je n’arrive pas à marcher droit. En bas, certains avaient pris leur sac. On s’est prêtés des vêtements.
« À 20 mètres de chez nous, un hôtel de 9 étages totalement détruit »
À quel moment vous rendez-vous compte des dégâts ?
On a attendu que le jour se lève. Et là, à 20 mètres de chez nous, on voit un hôtel de 9 étages totalement détruit. Juste à côté, un autre s’est aussi effondré. Notre hôtel est le seul bâtiment qui a résisté au séisme.
On entendait les familles qui criaient, pleuraient… Il y avait des cadavres partout…
S. Itaev (lutte)
Mais pas à la réplique…
Sur le chemin du retour, on nous prévient que la deuxième secousse lui a été fatale… C’est un truc de fou.
Qu’est-ce qui vous a le plus choqué ?
Dehors, on entendait les familles qui criaient, pleuraient… Il y avait des cadavres. J’en ai vu 3 ou 4. Je ne réalisais pas, je ne comprenais pas. Ça me met des frissons. Ce sont des images que je n’oublierai jamais.
Des lutteurs français solidaires
Parmi les nombreuses victimes, il y a eu des lutteurs turcs…
J’en connais qui sont morts, oui. C’est terrible. Au début, les informations annonçaient une quinzaine de morts. Puis ça a augmenté à chaque heure à 100, 500, 1000… Ça ne s’arrêtait plus.
On a eu énormément de chance…
S. Itaev (Lutte)
Quel est votre sentiment aujourd’hui ?
On se trouvait dans l’épicentre, on passe tout près de la mort. Mais on a su garder notre calme, on a été solidaires. On a eu énormément de chance.
Les Sportonautes soutient l’ensemble des victimes et leurs familles dans ce désastre. Nous continuerons à vous donner des nouvelles de Seyfulla Itaev et des lutteurs.
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