Basket : le geste fort de Loïc Akono après avoir été insulté de « bonobo »
Loïc Akono, joueur des Canonniers de Metz (Nationale 2), a été la cible d’une injure raciste de la part d’un spectateur lors d’un match à Charleville-Mézières (28/1/2023). Indigné par le manque de réaction du corps arbitral, il a décidé de sortir du terrain. Le basketteur revient pour Les Sportonautes sur ce moment choquant et espère des sanctions.
Mise à jour (4/7/2023) : le Tribunal de Charleville-Mézières (08) a requis une peine de 3 mois de prison avec sursis à l’encontre du supporter qui avait proféré une insulte raciste au basketteur Loïc Akono.
« C’est l’homme que je suis qui est insulté ». Quelques jours après avoir été victime d’une injure raciste de la part d’un spectateur lors du match opposant Metz (5e) à Charleville-Mézières (Nationale 2), Loïc Akono avoue « avoir encore du mal à encaisser ».
Loïc Akono : « Je ne pouvais plus rester ici. Je suis parti… »
Choqué, le Messin de 35 ans, ancien joueur de Nanterre et du SOM Boulonnais en Pro B, n’a pas le moindre « souvenir de racisme dans les salles » durant sa carrière. Alors qu’il chute sur un côté du terrain, Loïc Akono est aidé par ses coéquipiers. « C’est là que j’entends une personne dans le public dire “relève toi bonobo”, détaille-t-il pour Les Sportonautes. J’étais tellement choqué. Je voulais aller lui parler, lui dire que ce n’est pas correct. Je n’étais plus dans le match. » Mais l’arbitre l’en a empêché le menaçant… d’une faute technique !
Remplacé, il demande ensuite des comptes au deuxième arbitre et se fait houspiller par le public. « Je leur dis : “je viens de me faire traiter de bonobo ! Est-ce que je ressemble à un bonobo”. Il y avait trop d’émotions d’un coup. Je ne pouvais plus rester ici. Je suis parti. »
Écœuré de ne pas avoir « été écouté » par le corps arbitral lors de cette séquence lunaire, Loïc Akono ne comprend pas. « La menace de faute technique, c’était trop, lâche-t-il. Je leur en veux car la chose simple à faire était d’arrêter le match. Dommage… »
Vague de soutiens après l’injure raciste
Si de tels actes sont malheureusement trop présents dans des stades de football professionnel, le fait qu’il se déroule lors d’un match de basket amateur résonne. « On a plutôt l’impression que ça se passe dans le foot, s’étonne le Cannonier. La dernière fois, c’était Samuel Umtiti en Italie… On en parlait avec mes proches. Il ne faut surtout pas banaliser ça. »
J’aimerais que mon fils fasse du basket mais je ne veux pas qu’il subisse ça un jour dans sa vie.
Loïc Akono
Père de famille, le natif de Marcq-en-Barœul ne peut pas s’empêcher de penser à son fils de 6 ans. « J’aimerais qu’il fasse du basket mais je ne veux pas qu’il subisse ça un jour dans sa vie, évoque-t-il. Que ce soit sur un terrain ou en dehors ».
A la suite de cet événement, Loïc Akono a reçu une vague de soutiens de la part du monde du basketball. Nando De Colo a regretté qu’on « laisse passer trop de choses aujourd’hui en dehors du terrain (sans pour autant mettre tout le monde dans le même sac) ». « Force à toi », lui envoie par la suite Nicolas Batum. Même la ministre des Sports, Amélie Oudéa-Castera a réagi. « Je salue la réactivité de la Fédération de basket-ball qui a décidé d’ouvrir un dossier disciplinaire : le racisme, les discriminations et la haine n’ont pas leur place sur nos terrains et dans nos tribunes ! ».
Une enquête ouverte, la FFBB réagit
La Fédération de basket-ball a effectivement annoncé l’ouverture d’un « dossier disciplinaire immédiatement après avoir été informée des propos qui auraient été adressés à Monsieur Loïc Akono ». Le parquet de Charleville-Mézières vient, lui, d’annoncer l’ouverture d’une enquête préliminaire pour « provocation à la haine dans une enceinte sportive ».
Par ailleurs, le joueur « fait confiance aux autorités compétentes » et espère que la personne en cause « sera bannie des salles de basket ».
Alors qu’il joue les derniers mois de sa carrière, Loïc Akono veut aller de l’avant. Clin d’œil du destin, le prochain match des Canonniers de Metz se déroule dans son Nord natal à Cambrai ! « Toute ma famille sera là-bas, se réjouit-il. Il y aura un véritable convoi ! Tous les messages de soutien me font plaisir. Cela montre que le monde du basket est une famille. »
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