MMA, lutte, judo… Les combats de Laëtitia Blot

Laëtitia Blot

MMA, lutte, judo… Les combats de Laëtitia Blot

À 39 ans, Laëtitia Blot force l’admiration au vu d’une carrière bien remplie./©smo_Picks

Sa carrière unique force ladmiration. Triple championne de France de judo, double championne de France de lutte, médaillée de bronze aux Mondiaux de sambo, Laëtitia Blot étrenne désormais son talent dans le MMA. Portrait dune personnalité mémorable qui, à 39 ans, a dores et déjà laissé son empreinte dans le sport français. 

Si mille vies valent mieux qu’une, celle de Laëtitia Blot en vaut mille. La Rennaise au sourire contagieux prend toujours un malin plaisir à surprendre son monde. De son premier titre de championne de France de judo alors qu’elle fêtait ses 30 ans à sa victoire éclatante lors du premier gala officiel de MMA en France ponctuée par une chaleureuse embrassade avec la ministre des sports d’alors, la combattante n’a jamais été là où on l’attendait. Pour le plus grand plaisir de ses supporters.

Du judo au MMA, une vie à rebondissements

« Je n’ai jamais su rentrer dans les cases, évoque-t-elle pour lessportonautes.com. A chaque étape de ma vie sportive, j’ai bouleversé les mœurs. J’ai toujours été comme ça. Mais ça n’a pas été un long fleuve tranquille… » 

Je n’ai jamais su rentrer dans les cases.

Laëtitia Blot

En 2009, alors qu’elle éprouve des difficultés à confirmer son potentiel dans le judo, la future championne voit son destin se dérober. Elle dispute le 2ème tour des Championnats de France dans une salle vétuste du stade Coubertin quand son adversaire la sort du tapis, lui écrasant la tête sur le parquet. « J’ai perdu connaissance pendant quelques minutes, se souvient-elle. Quand je me suis réveillée, je voulais combattre. » Un traumatisme crânien l’en empêche.

A l’heure des choix, « Laëti » choisit de prendre du recul en partant à la découverte d’un nouveau pays : l’Australie. Direction Cairns, dans le nord-est du pays, où la Bretonne pose ses bagages dans une résidence universitaire. Avide d’aventures, la sportive prend des cours d’anglais et enchaîne les petits boulots dans la restauration avant de se prêter à un jeu qu’elle ne connaît pas : le « footy » , le football australien. Seule « fille à jouer avec les garçons » sur les plages, elle impressionne par ses courses et ses contacts. Elle se fait alors repérer par les Buffalos de Darwin, une équipe régionale composée de sportives aborigènes.

Elle marque le judo français de son empreinte

Après une année en Australie, Laëtitia Blot retourne en France, en région parisienne, où elle retrouve les tatamis sous les couleurs du club de Pontault-Combault (77). Comme toute sportive amateur, la judokate doit trouver un moyen de gagner de l’argent. Et c’est sous les costumes de Winnie l’Ourson ou de Ratatouille à Disneyland Paris qu’elle finance sa nouvelle carrière. 

Elle officie ensuite à la SNCF qui lui permettra, via le « Dispositif Athlètes SNCF« , d’obtenir des horaires aménagés, l’idéal pour démarrer sa carrière de haut niveau. Une carrière qui va faire un bond impressionnant alors qu’elle embrasse ses 30 ans. En 2013, la Rennaise obtient un titre de Championne de France dans sa catégorie des moins de 57 kg et enchaîne sur des performances exceptionnelles. A la surprise générale, elle devient la numéro 2 en équipe de France derrière une certaine Automne Pavia. Des résultats étonnants qui ont été accompagnés de sacrifices. « Quand j’ai commencé à percer dans le judo, je prenais parfois mon poste à 4 heures du matin pour terminer à 10 heures, je filais ensuite à la salle de Pontault puis à l’Insep pour m’entraîner, se remémore « Laëti ».

Et ça fonctionne ! Laëtitia Blot est auréolée de deux nouveaux titres nationaux, d’une médaille d’or par équipes aux Mondiaux, de deux titres européens par équipes, des Grands Prix… Malgré des résultats probants, elle se heurte aux pensées limitantes de sa fédération sur son âge… et enchaîne les déceptions lors des sélections nationales notamment pour les Jeux Olympiques. Pour autant, elle devient sparring partner aux JO de Rio, en 2016, une mince consolation pour la championne.

Après la déception de Rio, le succès en lutte… et au sambo

Quand la porte est fermée, la Bretonne cherche une fenêtre. Quitte à cumuler deux sports et s’essayer à la lutte en 2014 à Créteil (94). « Le judo m’a fermé la porte en me disant que j’étais trop vieille et ça m’a tellement donné la haine que je me suis dit que j’allais tenter la lutte… et ça a fonctionné ! », lâche-t-elle sur le site « ablock ».

Je voulais prouver, une fois de plus, aux gens qu’on peut changer de discipline et y atteindre un bon niveau

Laëtitia Blot

(Très) peu de gens lui prédisent la réussite. Après tout, elle n’est pas du cru. Pourtant, là encore, le phénix breton surprend. Elle glane deux titres de championne de France dans la discipline éteignant les doutes autour d’elle.  Elle ne réédite pas son exploit lors des championnats du monde à Paris mais marque définitivement les esprits. « Je voulais prouver, une fois de plus, aux gens qu’on peut changer de discipline et y atteindre un bon niveau, explique-t-elle.

Laëtitia Blot est une femme qui ne se laisse pas dicter par les limites d’autrui. Quand on lui barre la route, elle trouve une autre voie. Après le judo et la lutte, c’est dans le sambo qu’elle éclabousse de son talent. A tel point que, là encore, elle surprend et obtient une médaille de bronze lors des championnats du Monde de sambo en 2020. 

Place au MMA pour le phénix Laëtitia Blot !

En parallèle, la combattante a un autre rêve : devenir la première française à combattre dans une cage de MMA, en France. « Au départ, j’avais des a priori, concède-t-elle dans les colonnes du Télégramme. Je voulais garder mon beau visage ! Mais, c’est un vrai sport, beaucoup plus réglementé qu’on ne le croit et les blessures ne sont pas plus courantes ou violentes qu’au rugby ou au judo avec les ruptures des ligaments croisés du genou. C’est souvent le sang qui marque l’esprit des gens. Alors, j’ai essayé ». 

En octobre 2020, elle remporte son premier combat face à la Portugaise Silvia Leonora Nascimento lors du 1er événement de MMA organisé dans le pays et saute dans les bras de la ministre des Sports, Roxana Maracineanu. Avec trois succès et un nul, Laëtitia Blot nourrit encore de belles ambitions. « Le but ultime serait d’atteindre l’UFC, lâche-t-elle. Mais pour cela, il me faut davantage de combats. Et ce n’est pas évident d’en trouver. Mais je ne lâche rien. Je ne lâche jamais rien. » 

Cette philosophie, Laëtitia entend la déployer jusqu’à la fin de sa carrière. Montrer aux sportives que les obstacles ne rendent pas la route impossible. « Si mon parcours peut inciter des femmes à pratiquer des sports de combat, je serais fière, conclut-elle. Il y a encore tant à faire sur la place des femmes dans le sport. C’est un combat qui me tient à cœur ». Un combat qu’elle a déjà gagné aux yeux de beaucoup.

Share this content:

1 commentaire