Natation : l’odyssée de Guillermo Gracia Núñez, champion avec le syndrome de Down

Guillermo Gracia Núñez dans la piscine

Natation : l’odyssée de Guillermo Gracia Núñez, champion avec le syndrome de Down

Le nageur Guillermo Gracia Núñez épate son monde depuis ses premiers pas dans les bassins espagnols./©Lorena Gracia N.

À 18 ans, le nageur Guillermo Gracia Núñez cumule les exploits dans les bassins espagnols. Ce sportif amateur au destin exceptionnel souhaite atteindre son rêve : devenir le premier médaillé paralympique avec le Syndrome de Down.

« Siempre juntos », toujours ensemble. Plus qu’un slogan familial, c’est le terreau sur lequel le jeune Guillermo Gracia Núñez forge son avenir. Encouragé par ses parents Lorena et Jorge mais aussi par ses frères Mauro et Fabio ou encore son chien Simón, le nageur espagnol fait des merveilles dans les bassins ibériques.

« Comme si le monde était plus rapide que moi »

L’eau est son essence, elle fait partie de lui. Elle l’aide à grandir depuis ses 6 mois. L’âge où il intègre un programme de stimulation aquatique au sein de l’association pour le syndrome de Down de Cáceres, en Estrémadure. Car oui, Guillermo a ce fameux chromosome 21 en plus. Ce chromosome supplémentaire a des conséquences tant au niveau physique qu’intellectuel. « Ça signifie que je peux réussir tout ce qu’on me propose comme n’importe qui, lance-t-il. J’ai juste besoin d’un peu d’aide et de faire plus d’efforts. C’est comme si le monde était plus rapide que moi ». 

Ces mots empreints de détermination et de courage rassurent ses parents, dont la vie a forcément été bouleversée. « J’avais 27 ans, se souvient Lorena, sa maman. Rien ne laissait présager la présence d’une trisomie. C’est en faisant des examens médicaux qu’on nous l’a annoncé. Notre vie avec un enfant avec le syndrome de Down n’est guère facile mais elle offre tant de choses. Jamais nous n’aurions pensé tout ce que Guillermo allait réussir. Nous sommes tellement fiers ». 

La natation comme antidote

À ses débuts, Lorena accompagne son fils à la piscine « pour travailler son équilibre, son autonomie, ses déplacements »… Ses capacités sautent rapidement aux yeux. À 3 ans, Guillermo n’a plus besoin de sa mère pour entrer dans l’eau. Quand arrive le moment d’intégrer un club, Guillermo était un sportif comme les autres. Sa carrière démarre et les résultats abondent. « Ce n’est pas lui qui a choisi la natation, c’est elle qui l’a choisi », se réjouit sa maman. 

En 2014, Guillermo concourt pour la 1ère fois dans une ligue régionale où il est le seul nageur avec ce syndrome. Cela ne l’empêche pas de finir sa course dans l’émotion générale. « C’était à Cáceres, se souvient sa mère. Un jour d’hiver où il pleuvait beaucoup. J’avais déjà ses deux frères. Quand nous sommes arrivés à la piscine, je ne sais pas quelle sensation était la pire : la chaleur étouffante de la piscine ou le stress de la première compétition ». 

Si les choses sont difficiles, je les refais plusieurs fois.

Guillermo Gracia Núñez

Quand il s’apprête à plonger, personne ne se doute de sa différence. Son bonnet de bain et ses lunettes le cachent du regard des autres. « Il plonge dans l’eau et quand il termine la course, on applaudit et on pleure tous, s’émeut Lorena. Une femme placée devant pensait que c’était parce qu’il était un peu enveloppé. Elle ignorait que ce jour était pour Guillermo le premier pas vers son avenir. Et pour nous, une journée tellement joyeuse ». 

Pluie de records dans les bassins 

Et la suite le sera d’autant plus. Le natif de Cáceres multiplie les exploits. Il est sacré champion d’Espagne à seulement 13 ans. Il bat de nombreux records nationaux et collecte les médailles d’or. Son retour à Cáceres fera sensation sur les réseaux sociaux. Ses compagnons de classe lui offrent une standing ovation émouvante sous les caméras des chaînes de télévision locale. Guillermo n’est plus défini par son handicap, il devient un sportif important aux yeux de sa ville et de sa discipline. « J’aime m’entraîner et nager, souligne Guillermo. Ce que j’aime le plus, c’est le crawl et le papillon. J’aime moins la brasse. J’aime faire de l’exercice et avoir plus de muscles. Parfois, je suis très fatigué. Mais quand les choses sont difficiles, je les refais plusieurs fois. J’essaie. »

Il étrenne son talent à l’étranger lors d’un championnat du monde en Australie. En 200 mètres 4 nages, il affronte des nageurs redoutables. Certains, également trisomiques, étaient plus imposants, plus âgés. « La course était très serrée jusqu’au bout, raconte Lorena. Mais il n’a rien lâché et a fini par l’emporter ! » Quand il marche aux côtés de ses frères et de ses parents, les gens le reconnaissent dans la rue, le saluent. « Je crois que l’accueil qu’il reçoit à la suite d’une victoire l’intéresse beaucoup plus que les médailles », observe sa mère. Au total, le jeune nageur compte 19 records d’Espagne et 4 records du monde. 

2023, première étape vers son rêve paralympique

Toute cette euphorie s’éteint quand la crise sanitaire déferle tel un tsunami. La vie de Guillermo se complique. « Ça l’a énormément affecté, reconnaît Lorena. Le confinement l’a empêché de s’entraîner pendant des mois. Sans parler du manque de contact avec ses amis. Mais quand il est revenu dans l’eau, je peux vous assurer que son visage a changé ». 

Quand il est revenu dans l’eau, son visage a changé.

Lorena – maman de Guillermo

Sa majorité célébrée, Guillermo poursuit sa formation afin de monter les échelons. Son prochain objectif : le Championnat d’Espagne pour les nageurs atteints par un handicap intellectuel (FEDDI), en mars 2023. A l’international, il espère être sélectionné pour les Virtus Global Games de Vichy, du 4 au 10 juin 2023. Son rêve ? « Devenir le premier médaillé paralympique avec le Syndrome de Down ». Un rêve que lui et sa famille feront tout pour atteindre. « Siempre juntos ». 

Découvrez des portraits aussi exceptionnels que celui de Guillermo Gracia Núñez sur le site Les Sportonautes. Vous pouvez aussi suivre les exploits du nageur espagnol sur nos réseaux sociaux : Instagram, Facebook, Twitter, LinkedIn et TikTok.

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