Boxe anglaise : Frédéric Julan, le « Frenchie » aux gants d’or

Frédéric Julan en noir et blanc

Boxe anglaise : Frédéric Julan, le « Frenchie » aux gants d’or

Frédéric Julan a traversé bien des épreuves avant de se faire un nom dans la boxe aux Etats-Unis./©Boxing Culture

De Pontault-Combault à New York, Frédéric Julan s’est construit une carrière aussi inspirante qu’explosive. À quelques jours de son prochain combat à Atlantic City face à Decarlo Perez (12/11/2022), le champion tricolore se confie sur son parcours, sa vie américaine et son projet pour les boxeurs. 

Des rues de Pontault-Combault (77), il est devenu un boxeur accompli et respecté à New York ! Combattant acharné, Frédéric Julan sait d’où il vient. Avec 12 victoires (dont 10 par KO) et 1 défaite sur décision, le « Frenchie » n’a pas fini d’éclabousser les salles américaines de son talent. Et pourtant, jamais rien ne lui a été donné… 

Une adolescence chaotique en région parisienne

À 16 ans, Fred Julan cherche un moyen de se canaliser… « On était des petits cons, lâche-t-il. On se tapait avec les grands, on se chassait avec la police. À un moment, il fallait dire stop à tout ça. » Le jeune Pontellois teste le taekwondo. Sans succès. C’est alors que la boxe anglaise se fraie un chemin dans sa tête. Le rythme et l’intensité des combats, il y prend goût. 

Au ME Boxing Club d’Émerainville, le jeune boxeur seine-et-marnais foule le ring aux côtés de ses partenaires Romain Tomas et Yurik Mamedov. Le trio tape dans l’oeil du coach, Malek Ikhenache. Ce dernier a une idée qui va « piqûer » ses protégés : faire intervenir un boxeur professionnel. « Impossible de le toucher, rigole Fred Julan. Il nous a donné une leçon. » Le Seine-et-Marnais s’intéresse de plus près à son sport et emmagasine les vidéos. 

Passé « proche de la mort » à son premier combat de boxe

Confiant, il attaque son 1er combat la fleur au fusil. « J’étais mauvais, se remémore-t-il. Aucun régime, j’étais en sous-nutrition. Je suis tombé dans les pommes. À cet instant, je passe tout proche de la mort ». La défaite est fondatrice. Frédéric Julan va apprendre à bien manger, à se contrôler… et enchaînera les succès. 

La boxe, ça ne sera plus une fois de temps en temps. Ce sera tout le temps.

Frédéric Julan

Électricien à 24 ans, il décide de tout plaquer. La boxe, « ça ne sera plus une fois de temps en temps, ce sera tout le temps ». Sa carrière se lance. Les entraînements s’enchaînent au rythme de ses crochets. Les combats deviennent plus faciles. En 2010, son coach d’alors lui voit un avenir de l’autre côté de l’Atlantique.

À la conquête de l’Amérique

« Malek nous dit de partir aux États-Unis pour explorer notre potentiel, explique-t-il. On fait un stage d’un mois avec Romain et Yurik. On découvre la vie à New York. Les gens nous arrêtent dans la rue car on porte un t-shirt de boxe. On se sent ultra respectés. Si tu tombes pas amoureux de ça… »

© Frédéric Julan

Après un retour dans l’hexagone, Fred Julan rumine son envie de retrouver la Grande Pomme. Il créé une société, gagne de l’argent et va toucher son rêve du gant. À New York, il passe sa vie à boxer, à s’améliorer. Avec l’objectif de devenir professionnel en tête, il profite des installations et de l’ouverture d’esprit américaine pour se faire un nom. Il s’entraîne avec Simon Bakinde.  « Il y a d’énormes différences entre la France et les US, confirme le mi-lourd. En France, les salles sont vétustes. Il n’y a personne pour te regarder. À Paris, tu n’es rien. Ici, tout semble possible si tu y mets du tien. »

Les Golden Gloves, « comme dans un rêve »

Ses efforts et son talent au-dessus de la moyenne l’amènent à participer à des compétitions prestigieuses. Dont l’une restera dans les mémoires : les Golden Gloves (Gants d’or, NDLR). Une compétition de boxe amateur qui se déroule chaque année aux Etats-Unis. Un tournoi historique qui met aux prises les vainqueurs des tournois régionaux. Mohamed Ali, Mike Tyson ou encore Floyd Mayweather y ont gravé leur nom.

Frédéric Julan victorieux lors des Golden Gloves./©the_pugiliste

En février 2013, Fred Julan détruit ses adversaires un par un avant de rallier les demi-finales. « C’était la folie, se souvient-il. L’ambiance était incroyable. Ça criait de partout! ». Le dernier carré se déroule dans un casino. « Tu te vois à la télé, sourit le champion. Il y a la pesée, comme pour les pros. Il n’y a même plus de pression. Je suis comme dans un rêve. Le combat, je l’avais déjà gagné ».

Grand vainqueur, le voici propulsé en finale en avril 2013 dans le mythique Barclays Center. Face à lui, un favori, Jesse Jezina. À la surprise générale, le « Frenchie » est dans un nuage. « Je voyais tout au ralenti, revit-il. Je n’avais qu’une obsession : gagner. » Son adversaire tombe sous ses coups. Frédéric Julan marque l’histoire. Il rééditera sa performance en 2015 face à Patrick Aristhene rejoignant le petit cercle des boxeurs à avoir remporté la compétition plus d’une fois. 

Boxing Culture, sa plateforme pour aider les boxeurs

C’est tout naturellement que Fred Julan fait ses débuts en professionnel en 2016. Sa première victime étant Damian Lewis, dans le Queens, battu après 4 rounds à l’unanimité. Il enchaîne 12 succès, dont 10 KO, jusqu’à 2020. Une année marquée par une crise sanitaire mondiale.

Il y a un vrai manque d’éducation sur le sport.

Frédéric Julan

Le Français a rendez-vous pour le combat de sa vie au Madison Square Garden face à Victor Da Rocha, un Américain d’origine brésilienne. Puis le coup fatal. Le Covid 19 met tout le monde KO et l’événement est annulé. 

« Il y a eu une grosse remise en question », reconnaît celui que l’on surnomme « The Soap ». Une remise en question qui l’amène à prendre les choses en mains. Il crée Boxing Culture, une plateforme pour assurer le développement des boxeurs. « Il y a un vrai manque d’éducation sur le sport, estime Frédéric Julan. J’avais envie de partager mon expérience. Parler de tout ce qui entoure la boxe, les bonnes comme les mauvaises choses. J’ai jamais été dans la pleurniche. Malgré cette inactivité, je sentais que je pouvais apporter quelque chose. » 

La gestion du collectif, de l’argent ou des compétitions, le « papa » de Boxing Culture traite de tous les sujets sans tabou. Ce projet a rapidement grandi, notamment sur les réseaux sociaux. 

Mais « The Soap » n’en oublie pas sa carrière et son rêve ultime : la ceinture mondiale. Même s’il est conscient de la difficulté du fait de son âge, il y croit encore. À Atlantic City, il affrontera Decarlo Perez, le 12 novembre 2022. À 34 ans, Frédéric Julan a l’occasion de marquer encore un peu plus son histoire.

Vous pourrez suivre les combats de Frédéric Julan sur Les Sportonautes via nos réseaux sociaux InstagramFacebookTwitterLinkedIn et TikTok.

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